L'Américaine et la Mosquée

Et surtout, je m'étais bien convaincue de ne pas blogger sur la religion. Sujet qui peut t'étiqueter toute ta vie sur la place publique. Par contre, j'ai envie d'en parler depuis tant d'années. Enfin, mon voile s'est levé. Je suis catholique et j'ai la foi. Quelques fois, j'ai même l'élan de pratiquer. Mais nos Églises se ferment et les Mosquées se construisent... Voici ma position toute nue.

En 2002, j'ai pris l'avion et allez hop! En passant par Paris, je vole en Tunisie. Personnellement, j'ai optée pour cette destination car, précurseur du printemps arabe, la Tunisie avait la réputation, dans le métier, d'être le pays ou l'ont retrouvait le moins de fanatiques et extrémistes du Coran. J'ai demandée à mon frère de m'accompagner pour trois raisons. Le climat politique mondial, la hiérarchie des femmes en terre musulmane et la sécurité. Nous passions pour un couple.

Suite aux attentats du 11 septembre 2001, je me suis retrouvée en arrêt de travail pendant plusieurs mois.Une entreprise à la merci de la peur, des patrons dépassés et des comptables déroutés. J'ai quittée mon bel appartement près de la rue Cartier et me suis relogée chez un ami en attendant que la situation se stabilise. Moi, une jeune femme du Québec, touchée directement par ces attentats. Suite à cette situation imprévue dans ma vie, je me suis mise dans la tête de ne pas tomber dans l'absurde de juger sans connaître. J'ai donc décidée de me rendre sur place, en terre arabe pour comprendre. Je me suis glissée dans la foule en me rendant dans les souks de Tunis, J'ai visitée des lieux cultes permis aux touristes et aux femmes près de Tozeur et j'ai discutée de Ben Laden sur une plage d'Hammamet avec de jeunes tunisiens, précurseurs du printemps arabe. Je me suis même fait des amis. Moi la blanche Américaine, la blonde aux yeux bleus de l'hôtel Mirage. Pour d'autres j'étais la putain! Une autre chronique pourrait être l'objet de cette dernière phrase.

Je me rappellerai toujours de ces grandes discussions entre cette voix du peuple, cette voix secrète et l'Américaine, comme ils m'appelaient. Ils avaient soif de liberté. Ils chérissaient le droit de parler, parler de ce qu'ils appelaient les nouvelles idées! Quelques fois, je me surprenais à envier leur émerveillement. Moi, l'Américaine qui depuis si longtemps, avait tout cela dans son beau Canada.

Par une belle soirée de mai à port El Kantaoui, on a encore discuté. Mais cette fois-ci de religion.
J'ai vue des Esprits s'échauffer, des théories émerger, des yeux se fermer et des voiles se lever. Nous ne nous sommes jamais entendus sur le fond. Pour la première fois, j'ai levée le ton. Pour la première fois, j'ai osée parler de Jésus et de la viande de porc. J'ai réalisée à cet instant que nous pouvions être si proche l'un de l'autre quand nous parlions de démocratie et de liberté mais que nous étions si loin quand nous discutions de valeurs et de religions.

Je me dois de conclure en disant que cette expérience de vie m'a apprise une chose.
Quand tu te butes à une philosophie de vie si différente de la tienne, mieux vaut rester dans ses  souliers et accepter la différence. Le Québec est-il clair dans ses orientations futurs sur sa propre laïcité au point de  laisser débâtir ses Églises? Pouvons-nous considérer ces constructions comme patrimoines et reliefs de notre histoire? Est-il normal de permettre aux autres peuples de construirent les leurs?J'en doute.

PS: Ne me tirez pas vos souliers par la tête, c'est mon humble avis.